Actions européennes : la hausse des cours est-elle justifiée par les fondamentaux

Actions européennes : la hausse des cours est-elle justifiée par les fondamentaux

Les marchés actions européens connaissent un regain d’intérêt marqué depuis plusieurs mois, suscitant une question cruciale pour les Conseillers en Gestion de Patrimoine (CGP) : cette dynamique justifie-t-elle une réallocation stratégique des portefeuilles clients vers des actifs transatlantiques ? Alors que le S&P 500 a longtemps surperformé les indices comme l’Euro Stoxx 50, les valorisations actuelles – avec des ratios P/E deux fois inférieurs en Europe – et les signaux macroéconomiques récents interpellent. Pour les CGP, l’enjeu est double : capitaliser sur des opportunités de diversification à moindre coût tout en évaluant les risques liés à la croissance des bénéfices, historiquement moins soutenue en zone euro. Avec des clients en quête de rendement ajusté au risque et des fonds indiciels ou ETF européens affichant des performances attractives, cette rotation sectorielle mérite une analyse fine, d’autant que les taux directeurs et les politiques monétaires divergent des deux côtés de l’Atlantique. Une occasion aussi de revisiter les stratégies d’allocation d’actifs et les produits structurés pour optimiser la fiscalité et la liquidité des placements.

Les actions européennes en hausse : une rotation justifiée par les valorisations ?

Depuis 2015, le S&P 500 a surperformé de plus de 100 % les indices boursiers européens, comme l’Euro Stoxx 50 (FEZ) ou l’ETF iShares MSCI EAFE (EFA). Pourtant, la tendance s’inverse depuis quelques mois : les marchés européens et les devises associées, comme l’euro, devancent désormais les performances du S&P 500. Cette dynamique relance le débat sur une éventuelle rotation sectorielle des investisseurs, des actions américaines vers les valeurs européennes.

Des valorisations attractives, mais suffisent-elles ?

Les partisans de cette rotation mettent en avant les écarts de valorisation frappants entre les deux zones géographiques. Par exemple, le ratio cours/bénéfice (PER) du FEZ s’établit autour de 11, tandis que son ratio cours/valeur comptable est de 13 – soit près de 50 % de moins que ceux du S&P 500. À première vue, les actions européennes semblent ainsi sous-évaluées.

Cependant, une analyse financière approfondie révèle que les valorisations boursières ne peuvent être interprétées sans tenir compte de la croissance des bénéfices. Prenons une comparaison simple : préféreriez-vous acheter une épicerie avec un PER de 2 mais une croissance nulle, ou une autre avec un PER de 5 mais une progression annuelle des bénéfices de 20 % ? La réponse est évidente : la croissance future prime sur les multiples passés.

Entre 2015 et 2025, la croissance annuelle des bénéfices du S&P 500 a oscillé entre 8 % et 12 %, contre seulement 3 % à 6 % pour les marchés européens et développés. Cette différence s’explique largement par un facteur clé : la productivité.

Productivité : le fossé transatlantique

La croissance de la productivité aux États-Unis a systématiquement surpassé celle de la zone euro ces dernières années. Or, la productivité est le moteur de la croissance économique, laquelle alimente à son tour la progression des bénéfices des entreprises. Les investisseurs sont donc prêts à payer un prime de valorisation pour les actions américaines, en raison de leur potentiel de croissance supérieur.

Le graphique ci-dessous illustre cet écart persistant. Tant que la productivité européenne ne rattrapera pas celle des États-Unis, les multiples boursiers plus élevés outre-Atlantique resteront justifiés.

Catalyseurs macroéconomiques à surveiller cette semaine

Alors que les marchés financiers évoluent près de leurs plus hauts historiques, les données économiques de la semaine prochaine seront déterminantes pour confirmer – ou infirmer – la poursuite de cette dynamique. Trois éléments clés retiennent l’attention des investisseurs :

  • Les indicateurs du secteur immobilier : un ralentissement pourrait signaler un essoufflement de la demande.
  • Les communications de la Fed : les minutes de la dernière réunion et les interventions de Jerome Powell à Jackson Hole seront scrutées pour évaluer la probabilité d’un assouplissement monétaire.
  • Les résultats préliminaires de l’activité en août : ils donneront une première indication sur la résilience de l’économie en fin d’été.

Ces publications influenceront directement les anticipations de baisse des taux et, par ricochet, le positionnement des investisseurs sur les actions et les obligations.

Un environnement de risque toujours neutre

Bien que l’inflation (mesurée par l’IPC de juillet) semble se modérer, l’indice des prix à la production (IPP), plus élevé que prévu, rappelle que les pressions inflationnistes persistent en amont. Par ailleurs, les signaux économiques sont mitigés :

  • Les ventes au détail restent solides, preuve d’une consommation résiliente.
  • La production industrielle recule, tandis que le moral des consommateurs se dégrade, annonçant un possible ralentissement économique.
  • Les indices boursiers sont tirés par les grandes capitalisations, avec des valorisations tendues, ce qui les rend vulnérables à un retournement de sentiment.

Dans ce contexte, une déception sur les données immobilières, les minutes de la Fed ou les déclarations de Powell à Jackson Hole pourrait déclencher une correction des marchés, surtout si les espoirs de baisse des taux sont repoussés.

La récente surperformance des actions européennes par rapport au S&P 500 interroge les CGP sur l’opportunité d’une rotation sectorielle dans les portefeuilles clients. Si les valorisations attractives (PER de 11 pour l’Euro Stoxx 50 contre ~20 pour le S&P 500) et la dynamique de l’euro plaident en faveur des marchés européens, une analyse fine révèle que ces écarts s’expliquent largement par un differentiel de croissance des bénéfices (3-6 % en Europe vs 8-12 % aux États-Unis), lui-même lié à un fossé de productivité persistant. Pour les professionnels, cette rotation ne peut se justifier sans une exposition ciblée aux secteurs européens les plus résilients (luxe, énergie, santé) ou via des ETF thématiques (comme le FEZ ou l’EFA), tout en maintenant une allocation défensive sur les grandes capitalisations américaines pour capter leur prime de croissance.

À court terme, les catalyseurs macroéconomiques – notamment les minutes de la Fed, les indicateurs immobiliers et les données d’activité d’août – pourraient soit confirmer cette tendance, soit déclencher une correction si les espoirs de baisse des taux sont repoussés. Dans un environnement où les valorisations boursières restent tendues et les signaux économiques mitigés, les contrats d’assurance-vie en UC ou les fonds flexibles permettent de concilier exposition aux marchés et gestion du risque, tout en anticipant les mouvements de la BCE et de la Fed.

Source : Investing.com


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