Assurance-vie et succession : dois-je la rapporter à la succession ?

Assurance-vie et succession : dois-je la rapporter à la succession ?

Lorsqu’un client se retrouve confronté à la transmission de patrimoine après le décès de son conjoint, les questions liées à l’assurance-vie et au régime matrimonial deviennent centrales. Pour les Conseillers en Gestion de Patrimoine (CGP), maîtriser ces subtilités juridiques et fiscales est essentiel afin d’accompagner au mieux leurs clients dans la gestion de succession. Une situation courante, mais complexe, concerne le sort des capitaux d’une assurance-vie souscrite par un époux sous le régime de la communauté, où les primes ont été payées avec des revenus communs. Les héritiers peuvent-ils exiger le rapport de ces sommes à la succession ? La réponse, souvent méconnue, repose sur l’article L. 132-16 du Code des assurances, qui considère ces versements comme des biens propres du conjoint survivant, sauf exception. Cette nuance est cruciale pour les CGP, car elle influence directement la stratégie de transmission de patrimoine et la répartition des actifs entre les héritiers. Une compréhension approfondie de ces mécanismes permet d’éviter des contentieux et d’optimiser la planification successorale pour leurs clients.

Assurance-vie et régime de la communauté : comprendre vos droits

Le principe général de l’assurance-vie en régime de communauté

En principe, lorsque l’un des époux souscrit une assurance-vie au profit de son conjoint dans le cadre d’un mariage sous le régime de la communauté, les sommes versées constituent un bien propre pour le bénéficiaire. Cela signifie que vous n’avez pas l’obligation de rapport à la succession des sommes perçues, même si les primes ont été payées avec des fonds communs.

Cette règle est prévue par l’article L. 132-16 du Code des assurances. Elle s’explique par la nature même de l’assurance-vie, considérée juridiquement comme un acte de prévoyance plutôt qu’un transfert patrimonial.

L’exception : les primes manifestement exagérées

Une exception existe cependant. Si les primes versées sont jugées manifestement exagérées au regard des revenus du ménage (article L. 132-13 du même code), l’assurance-vie peut être requalifiée en transmission de patrimoine. Dans ce cas, une récompense pourrait être due à la communauté.

Cette situation est appréciée au cas par cas par les tribunaux, qui examinent notamment :

  • Le montant des primes par rapport aux revenus du couple
  • La durée de versement des primes
  • L’âge des souscripteurs au moment des versements

Conseils pratiques pour les veuves bénéficiaires

Si vous êtes dans cette situation, il est recommandé de :

  1. Conserver tous les documents relatifs au contrat d’assurance-vie
  2. Vérifier l’origine des fonds ayant servi au paiement des primes
  3. Consulter un notaire pour évaluer si les versements pourraient être considérés comme exagérés

L’assurance-vie souscrite au profit du conjoint dans un régime de communauté constitue généralement un bien propre, exempt de rapport à la succession, même si les primes proviennent de fonds communs. Cette règle, encadrée par l’article L. 132-16 du Code des assurances, s’applique sauf en cas de primes manifestement exagérées, où une récompense pourrait être due à la communauté. Les CGP doivent donc conseiller leurs clients sur la conservation des justificatifs et l’analyse des versements pour éviter tout litige en matière de transmission de patrimoine ou de succession. Une vigilance particulière est requise sur les montants, la durée des versements et l’âge des souscripteurs.

Source : Notaires de France


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