En période de ralentissement économique et de politique monétaire restrictive, les Conseillers en Gestion de Patrimoine (CGP) doivent anticiper les répercussions sur les portefeuilles clients et adapter leurs stratégies d’allocation d’actifs. L’article de Lance Roberts, expert en marchés financiers, met en lumière un enjeu critique : le retard de la Fed dans la baisse des taux, qui pourrait aggraver les pressions sur les marges bénéficiaires des entreprises et fragiliser les valorisations boursières. Pour les CGP, cette analyse est une alerte sur la nécessité de réévaluer les fonds actions, les produits structurés et les contrats d’assurance-vie exposés aux secteurs cycliques, tout en renforçant les positions défensives. Avec des taux d’intérêt élevés qui pèsent sur la consommation et des révisions à la baisse des bénéfices en perspective, l’enjeu est double : protéger le capital des clients tout en saisissant les opportunités offertes par les obligations d’État et les actifs à revenu fixe, dont les rendements pourraient devenir plus attractifs. Une lecture indispensable pour ajuster les stratégies patrimoniales à l’aune d’un environnement macroéconomique en mutation.
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La Fed en retard : un risque croissant pour les marchés actions et les bénéfices des entreprises
Un ralentissement économique confirmé par les données sur l’emploi
Les dernières statistiques sur l’emploi aux États-Unis révèlent un net ralentissement, confirmant les craintes d’un affaiblissement de la croissance économique. En août 2025, les créations d’emplois non agricoles n’ont atteint que 22 000, bien en deçà des 75 000 attendus par les économistes. Pire encore, les chiffres de juin ont été révisés à la baisse, affichant une perte nette de 13 000 emplois – la première contraction mensuelle depuis 2020. Juillet n’a connu qu’une légère amélioration, insuffisante pour inverser la tendance.
Ce qui inquiète davantage, c’est la détérioration de la moyenne mobile sur trois mois des créations d’emplois, un indicateur historique précurseur de récession économique. Parallèlement, le taux de participation au marché du travail (62,3 %) reste bien inférieur aux niveaux d’avant la pandémie, tandis que la proportion d’emplois à temps plein – essentiels pour soutenir la consommation – continue de décliner. Ces signaux confirment que la demande économique faiblit, entraînant une baisse de la consommation personnelle et une pression à la baisse sur l’inflation.
Dans ce contexte, la Réserve fédérale (Fed) apparaît en retard sur la courbe. Malgré les signes évidents de ralentissement, elle maintient une politique monétaire restrictive, s’appuyant sur des indicateurs d’inflation dépassés plutôt que sur les données récentes du marché du travail. Le rendement des bons du Trésor à 2 ans, souvent considéré comme un proxy du taux directeur idéal, est déjà inférieur de 80 points de base au taux actuel de la Fed – un écart qui souligne l’urgence d’un assouplissement.
Pourquoi la Fed est-elle à la traîne ?
Lors de son discours à Jackson Hole, le président de la Fed, Jerome Powell, a reconnu un assouplissement des conditions du marché du travail, laissant entrevoir une possible baisse des taux d’intérêt. Pourtant, aucune mesure concrète n’a été annoncée. Le Livre beige de la Fed révèle par ailleurs une prudence accrue des employeurs, avec des embauches en berne et des offres d’emploi retirées – un problème de demande, et non d’offre de main-d’œuvre.
Les marchés financiers anticipent désormais une baisse des taux en septembre, certains traders misant même sur un ajustement de 50 points de base. Les rendements obligataires, en chute libre, confirment cette attente : ils reflètent une désinflation plus marquée que ce que les indicateurs officiels laissent paraître. Comme l’a souligné l’analyste Lance Roberts, les taux d’intérêt à long terme suivent invariablement la trajectoire de l’économie – et celle-ci est clairement en décélération.
La hausse passée de l’inflation et des taux n’était pas liée à une croissance organique, mais à des déséquilibres post-pandémiques (relance massive, perturbations des chaînes d’approvisionnement). À mesure que ces effets s’estompent, les fondamentaux reprennent le dessus : salaires, production économique et inflation sous-jacente dictent désormais l’évolution des taux. En maintenant des taux élevés, la Fed aggrave les risques pour la consommation (70 % du PIB américain) et les investissements des entreprises.
Impact sur les bénéfices des entreprises et les marges bénéficiaires
Le ralentissement économique se répercute déjà sur les résultats des entreprises. Au deuxième trimestre 2025, la croissance des bénéfices du S&P 500 (+6,4 %) masque une réalité plus préoccupante : cette performance repose presque exclusivement sur les géants technologiques (IA, semi-conducteurs) et les grandes banques. Hors ces secteurs, la plupart des entreprises peinent à maintenir leurs marges.
Plusieurs facteurs expliquent cette pression :
- Affaiblissement du pouvoir de fixation des prix : les secteurs comme la distribution et la restauration rapide voient leur capacité à augmenter les tarifs diminuer, face à une demande des consommateurs en berne.
- Épuisement des leviers de croissance : après des années de réduction des coûts et de gains de productivité, les entreprises atteignent les limites de ces stratégies.
- Secteurs cycliques en première ligne : les biens discrétionnaires, l’industrie lourde et les petites capitalisations sont les plus exposés aux chocs de demande.
Pourtant, les prévisions des analystes restent optimistes, tablant sur une croissance robuste des bénéfices jusqu’en 2026. Un décalage qui ne manquera pas de se corriger : à mesure que les révisions à la baisse s’accumuleront, les multiples de valorisation (déjà élevés) seront remis en question. Les entreprises pourraient alors réduire leurs investissements, licencier ou réviser leurs guidances à la baisse, amplifiant la volatilité des marchés actions.
Stratégies d’investissement pour naviguer dans un environnement incertain
Face à ce scénario, les investisseurs doivent ajuster leur allocation d’actifs pour limiter les risques et préserver leur capital. Voici les pistes prioritaires :
- Réduire l’exposition aux secteurs cycliques : les valeurs liées à la consommation discrétionnaire (électronique, voyages, luxe) sont particulièrement vulnérables en période de ralentissement.
- Privilégier les secteurs défensifs : les biens de première nécessité, la santé et les services publics offrent des flux de revenus stables, même en contexte économique difficile.
- Cibler les entreprises à fort pouvoir de fixation des prix : celles capables de maintenir leurs marges malgré la hausse des coûts (ex. : marques premium, monopoles réglementés).
- Sélectionner des bilans solides : un endettement maîtrisé et des réserves de liquidités élevées réduisent les risques de stress financier.
- Intégrer des actifs à revenu fixe : les obligations court terme et les obligations d’entreprises de qualité (investment grade) bénéficieront d’une baisse des taux.
- Éviter les valeurs spéculatives : les actions de croissance dépendantes de financements bon marché (ex. : startups non rentables) seront pénalisées.
- Diversifier avec des dividendes de qualité : les entreprises aux dividendes stables ou croissants (ex. : aristocrates du dividende) apportent un revenu régulier en période de faible appreciation capitalistique.
L’écart entre les attentes de Wall Street et la réalité économique est flagrant. Bien que les marchés puissent temporairement ignorer ces signaux, l’histoire montre que les retards de la Fed dans l’ajustement de sa politique se paient cher : les corrections boursières qui suivent sont souvent brutales. Les investisseurs avisés feront donc preuve de prudence, en misant sur la qualité, la résilience et la génération de revenus plutôt que sur une croissance incertaine.
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Les dernières données sur l’emploi américain confirment un ralentissement économique marqué, avec des créations d’emplois en berne et une demande en repli, signalant un risque accru de récession. Pourtant, la Fed maintient une politique monétaire restrictive, en décalage avec la réalité des marchés, ce qui pèse sur la consommation et les bénéfices des entreprises. Les marges bénéficiaires, déjà sous pression hors secteurs technologiques et bancaires, pourraient se dégrader davantage, entraînant des révisions à la baisse des prévisions et une volatilité accrue sur les marchés actions.
Pour les CGP et leurs clients, cette conjoncture impose une allocation défensive : privilégier les secteurs résilients (santé, services publics), les entreprises à pouvoir de fixation des prix et aux bilans solides, tout en intégrant des obligations investment grade et des dividendes stables. Les fonds flexibles ou les contrats d’assurance-vie en euros peuvent aussi offrir une protection partielle. La prudence s’impose : l’historique montre que les retards de la Fed se traduisent souvent par des corrections boursières brutales, justifiant une approche axée sur la préservation du capital et la qualité des actifs.
Source : Investing.com
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